Le Folklore de Guernac

La plupart des histoires, traditions ou légendes contées ci-dessous sont issues du Guide de l'Auvergne Mystérieuse (Editions Tchou, 1989), dont je recommande la lecture à tous les meneurs de jeu souhaitant situer leur campagne en Auvergne.

1. Fêtes et Traditions

Le Pré du Fou.

C'est à la pentecôte qu'a lieu la fête de Guernac. Ce jour là, on se rend sur les bords de la Desges, au Pré du Fou, et tous les jeunes gens partent alors à la poursuite du fou qui est payé pour se cacher dans l'herbe haute. Quand enfin la joyeuse troupe s'en est saisi, on prend le malheureux par un pied pour le faire tourner comme un toton. Puis on va à la chapelle, là deux jeunes gens prennent la statue du Saint-Esprit, et la portent en procession sur le plateau où l'on célèbre la grand-messe

La Saint Gal

Saint Gal, qui fût au 6ème siècle évêque de Clermont, est le saint protecteur de la Baronnie.

Le 1er juillet, jour de la Saint Gal, est marqué par une curieuse tradition : Le Seigneur de Guernac descend en grande pompe, monté sur un char, au village, et tout le long de son parcours, il salue les villageois en leur jetant à la tête des centaines et des centaines d'oeufs.

Ensuite les gens de la région se rendent en cavalcade jusqu'à la forêt de Pourcheresse pour y quérir des feuillages. Une charrette les précède, portant le déjeuner offert par le baron. Sur place on célèbre la messe, en la petite chapelle de l'ermitage de Pourcheresse. Le soir de retour à Langeac, on brûle les rameaux en un grand feu, dont les charbons et les cendres sont soigneusement conservés pour leurs vertus guérisseuses.

2. Histoires et Légendes

La source de Saint Julien.

Au centre de la baronnie, se trouve le bois de Saint-Arcons. Arcons était l’un des vieillards qui recueillirent le corps supplicié de saint Julien (deuxième siècle). Il travaillait à la construction de l’église du Puy et, chaque soir, regagnait le village de Guernac pour y soigner ses vieux parents.

Or, un jour, ses compagnons, ne pouvant croire qu’il faisait matin et soir un tel trajet, voulurent le suivre. Ils crurent mourir de fatigue et de soif et, arrivés au milieu du bois, ils s’arrêtèrent exténués. Arcons frappa le sol de son marteau et fit jaillir une source de vin. Puis, s’étant avisé qu’il allait favoriser l’ivrognerie, il changea le vin en eau claire. On raconte que cette source existe encore, et que boire son eau fait oublier la fatigue du jour.

Les pierres des Fées.

Au sud-est de Guernac se trouve la tombe des fées. Ce sont deux dolmens de taille différente dont le plus petit est nommé la crèche de l'âne. Sous le plus grand, qui est dallé au sol, quelques marches conduisent à une espèce de caveau presque entièrement obstrué.

La légende s'en est emparée; jadis, quand venait le soir, de petites fées blanches et noires sortaient des bois et venaient en ce lieu filer la laine noire et blanche de leurs quenouilles. Elles portaient sur la tête ces blocs énormes qui leur servaient de sièges. Une nuit, l'enchantement cessa et les sièges des fées, écrasant celles qui les portaient, leur tint lieu de sépulture. De là est venu le nom de «tombe des Fées». La tradition ajoute que ce caveau se prolonge par un souterrain qui aboutit près de Guernac.

3. Croyances et superstitions

Les Animaux

Certains animaux portent chance, d'autres portent malheur, et d'autres encore sont craints pour leur dangerosité.

Ainsi la présence d'un crapaud dans une maison attire les pires malheurs, de même que la chouette ou le hibou que l'on tue pour le crucifier sur la porte de la grange de son ennemi, ou que le chat noir, qui a le mauvais oeil.

Les abeilles sont par contre très respectées, mais on ne les vendra à aucun prix et on n'oubliera pas de les avertir en cas de décès à la ferme, faute de quoi, vexées, elles s'en iront, et le paysan perdra sa récolte de miel.

Le vortet (le noeud de serpent) porte chance, et si par hasard vous en trouvez un sous l'auvent de votre cheminée, ne le détruisez pas, car celui qui a le vortet deviendra riche. De même la peau de la couleuvre, cousue dans la doublure d'un manteau, préserve des morsure de chien enragé. Mais tous les serpents ne sont pas aussi respectables, méfiez vous de l'orvet, qui est terriblement dangereux.

Les animaux les plus dangereux sont la salamandre, dont la simple présence dans une étable suffit à tuer tous les veaux. Redoutable, aussi, est le basilic produit de l'oeuf que pond le coq à la saint-Sylvestre; si l'on aperçoit l'animal avant d'être vu, il meurt; mais si c'est le contraire, alors on périt par l'éclair jailli de sa prunelle.