Mercoeur et Cœur de Mère.

Ce scénario va, à l'occasion d'un tournoi, mettre en scène l'aristocratie régionale et les relations diverses qui existent en son sein. La scène finale sera l'occasion de faire apparaître les forces démoniaques et leur pouvoir le plus dangereux : la corruption du faible.



Séance 1 : La Belle et la toute petite bête. (Mars 1200)

En cette fin d'hiver, le baron Enguéran accompagné de son frère Isengrin, de Simeone le conseiller et de Sabin le soldat, arrivent à la ville du Puy où doit se tenir le premier grand événement de l'année : le Tournoi de chevalerie organisé par le Dauphin d'Auvergne. Magmaerus accompagne la troupe car il compte bien profiter de cette fête pour trouver un forgeron à même de fabriquer l'épée qu'il compte enchanter.

Alors qu'ils sont en train de hisser leur tente dans le campement installé au pied des remparts de la ville, les personnages rencontrent le baron Garin de Massiac qui les remercie pour leur intervention sur ses terres (voir l'épisode «Sang Visage») et leur offre le souper. Ils croisent aussi les membres de la famille Mercœur, leurs voisins et rivaux qui se rendent au château où ils ont été invités par le Dauphin pour le repas du soir. Ne pouvant s'empêcher de leur jouer un mauvais tour, Isengrin jette un petit sort agrandissant les chausses du baron Guillaume, afin de le ridiculiser à sa descente de cheval.

Le lendemain est l'occasion pour les personnages d'entrer dans la ville qui pour l'événement s'est transformée en un vaste marché où est proposé tout ce dont peut avoir besoin un chevalier pour tenir son rang que ce soit au cœur de la trépignée ou aux pieds d'une dame...

Au hasard d'une rue, le baron et sa suite tombent nez à nez avec Odilon de Saint Nectaire, le régent de la baronnie de Digons. Une discussion amicale s'engage, au cours de laquelle le chevalier fait part à son voisin de son embarras : Béatrice de Digons, sa protégée, s'est mise en tête qu'il lui fallait un canari pour chasser son ennui; Incapable de la raisonner, notre tuteur a fini par céder et s'engager à lui en trouver un durant cette foire, or il a eu beau parcourir la ville en long et large, impossible de trouver l'oiseau rare...

- « Ne vous inquiétez pas Messire Odilon, nous nous engageons à vous trouver cela d'ici ce soir, et Messire Enguéran mon maître se fera un plaisir de le porter lui-même à cette délicieuse enfant» déclare Simeone.

Odilon n'en espérait pas tant; d'une belle poignée de main il remercie Enguéran pour son aide et invite les personnages à venir le lendemain soir à la meilleure auberge de la ville, il y réservera la meilleure salle pour y souper en compagnie de Béatrice et lui remettre le présent.

Messire Odilon, étant parti, les personnages se tournent vers le Vénitien, qui tout sourire, explique que rien de tel que le mariage pour conclure de solides alliances... Notre baron, qui ne semble pas encore tout à fait prêt à entendre ce discours de raison, rappelle Simeone à la réalité : Il va leur falloir trouver un canari d'ici demain soir...

Magmaerus, peu passionné par cette histoire de cour, entraîne les personnages dans le quartier où se sont installés les maîtres forgerons et commence sa visite des échoppes. Dans l'une d'elles, un chevalier répondant au nom de Baudouin de Fénac, qui visiblement pressé et certainement imbu de sa personne, se permet d'interrompre les personnages pour récupérer une épée qu'il a commandée. Le forgeron remet à l'homme la lame nouvellement forgée tout en l'interrogeant :

- « Êtes-vous sur Messire de ne pas vouloir de pommeau ? J'en ai d'excellents vous savez»

- « Je t'ai dit vouloir une lame nue, pour le reste j'ai déjà un fournisseur»

Sur ces mots l'homme paie et quitte la boutique. Simeone, intrigué par les propos et désireux de connaître le fabriquant de pommeaux décide de le suivre discrètement. Le chevalier rejoint le quartier juif où il s'arrête quelques instants chez un apothicaire que Simeone estime douteux avant de rejoindre le château du Dauphin d'Auvergne où il semble avoir ses quartiers. Sur le chemin du retour Simeone visite le quartier juif où il fait la connaissance d'un vieil herboriste du nom de Salomon et de Joachim, son petit fils.

Le soir venu, les personnages regagnent leur campement, le bilan de la journée n'est pas brillant : Un contact avec l'apprenti d'un maître forgeron bordelais d'une part et un bocal, trouvé chez un herboriste, contenant les restes desséchés d'un canari d'autre part.

Le lendemain, à la veille du tournoi, le campement est réveillé par les hérauts de la ville qui invitent les chevaliers du Dauphiné d'Auvergne à se préparer pour aller renouveler l'hommage à leur suzerain et prendre connaissance des règles du tournoi à venir. Aussitôt tous les écuyers, servants, palefreniers mais aussi tailleurs, barbiers, porteurs d'eau et de pierres chaudes s'activent pour que chacun des chevaliers soit le plus beau et le plus prestigieux possible.

Sous la tente portant les couleurs de Guernac, Magmaerus utilise sa magie pour préparer un bain chaud ou tous se trempent à tour de rôle. Avant de partir, Isengrin utilise sa connaissance des illusions pour donner meilleure prestance à son frère.

Les chevaliers défilent dans la ville et se rassemblent sur la place principale face à une tribune où Robert d'Auvergne et sa suite s'installent. Le reste de la foule a déjà pris place tout autour, et les femmes ont loué les balcons des maisons, d'où elles observent leurs futurs champions.

Robert prend la parole et demande l'hommage, les chevaliers rassemblés déclament alors d'une seule voix leur serment d'allégeance et de fidélité sous les hourras du peuple. Puis les hommes d'église, qui désapprouvent la tenue des tournois, se retirent.

Puis il annonce l'arrivée dans la région d'une troupe de Brabançons. Ces hommes, envoyés par le Vatican pour préparer les rassemblements de la nouvelle croisade, prendront leurs quartiers sur les terres de l'abbaye d'Aurillac, non loin de Guernac. Malgré les propos rassurant du Dauphin qui s'engage à veiller au bon comportement de ces hommes, la réaction de la foule est mitigée, beaucoup se souviennent des exactions commises par ces «hommes du Nord», quelques années auparavant.

Enfin le héraut du Dauphin prend la parole pour édicter les règles du tournoi : La bataille se déroulera sur cette place, les chevaliers y participant seront répartis selon la position de leurs terres sur la rivière Allier. Enguéran aura ainsi entre autres à ses côtés Messires de Saint Nectaire et de Massiac mais aussi le fils Mercœur, à qui il comptait bien faire mordre la poussière. Parmi ses adversaires, la dizaine de chevaliers Brabançons nouvellement arrivés ainsi que ce rustre de Fénac, le chevalier rencontré la veille chez le forgeron...

La cérémonie passée, les personnages se concentrent à nouveau sur leur préoccupation du moment, trouver un canari ! Isengrin propose alors d'user de sa magie pour transformer un oiseau en canari, cela coûtera quelques livres de Vis, mais après tout il en va de l'avenir de son frère et donc de celui de l'alliance.

Reste à savoir à quoi ressemble un canari, et pour cela les personnages décident d'interroger les nombreux trouvères qui déambulent dans la ville. L'un d'eux, répondant au nom de Gilot, prétend bien connaître cet animal, «Une sorte de rouge-gorge entièrement doré».

Isengrin l'engage immédiatement; «Prépare-moi une de tes légendes sur le sujet, tu viendras la conter ce soir à l'auberge ». Puis il demande à Simeone de lui trouver un rouge-gorge, vivant et non desséché, et envoie l'un de ses pigeons magiques à Guernac pour demander qu'un cavalier vienne lui apporter en retour le vis dont il a besoin.

Quelques heures plus tard, alors que les personnages continuent à se promener dans l'enceinte de la ville, ils entendent les bruits d'une violente dispute semblant provenir d'une modeste forge, à quelques mètres d'eux. A peine se sont-ils approchés qu'ils évitent de justesse un apprenti qui vient de se faire jeter dehors par son maître. Celui-ci, visiblement fou de rage, jette dans la direction de l'adolescent une lame d'épée tout en continuant de proférer ses insultes : « Incapable, bon à rien, prétentieux, voyou... Ça n'a même pas quinze ans et ça prétend faire des épées, je t'en foutrai moi des épées, ici on fait des grilles et des portails et non des armes, alors va faire le beau ailleurs avec tes écorches-couillons... ».

Magmaerus, intrigué par la scène se penche pour ramasser la lame envoyée par le maître forgeron, mais celle-ci est encore très chaude et le Mage se brûle même légèrement. Amaury, le malheureux apprenti, se précipite pour s'excuser et récupérer son épée qu'il saisit sans mal. Les mages présents comprennent de suite : ce garçon a un don, est ce Le Don? Pour le savoir une seule solution, prendre l'apprenti forgeron sous leur protection, ce que le jeune homme, désormais sans maître et sans logis, se presse d'accepter.

En fin de journée, après un second brin de toilette où Simeone en profite même pour parfumer légèrement le baron visiblement intimidé par ce premier rendez-vous courtois, les personnages retrouvent Odilon de Saint Nectaire et sa protégée dans un des salons privés de la luxueuse auberge où ils ont été conviés. La demoiselle est accompagnée par Frigondelle, son imposante dame de compagnie qui observe les invités d'un oeil sévère.

Enguéran, offre à la jeune fille quelques présents de valeur choisis par son conseiller. Celle-ci le remercie, tout en fixant avec des yeux pétillants la cage recouverte qu'ont déposée Simeone et Isengrin. Près de la cheminée, Gilot s'est installé et joue quelques notes sur son luth, pour le plus plaisir des convives.

Le repas est agréable, on y discute de la fête en cours, du tournoi à venir, de l'arrivée des Brabançons... A chaque occasion l'un des convives souligne l'harmonie de propos entre le Baron et la jeune héritière, ne manquant de faire tousser le premier et rougir la seconde...

Peu avant la fin du repas, Isengrin quitte la table et retrouve le messager de Guernac qui lui a apporté le Vis demandé. Mais sur le chemin il est agressé par des hommes qui le cagoulent, le rouent de coups et lui arrachent son pantalon.

- « Monsieur le magicien» dit une voix qu'Isengrin reconnaît comme celle du baron de Mercœur « la prochaine que vous jouez avec mes chausses, ce ne sont pas vos braies que j'arrache, mais vos bourses...»

Après quelques minutes, Isengrin, penaud, s'isole dans une ruelle pour jeter un sort lui redonnant une tenue décente et retourne à l'auberge.

Le repas terminé, Simeone et Isengrin portent la cage jusqu'au centre de la pièce. Et tandis que Magmaerus et Isengrin créent une ambiance féerique, Gilot conte La légende de l'Oiseau d'Or.

A la fin du récit, quand la lumière, les sons et les odeurs de la pièce reviennent petit à petit à la normale, seul reste de cet instant magique l'oiseau jaune, qui sautille dans sa cage. Béatrice, des larmes de plaisirs coulant sur ses joues, offre son foulard à Enguéran : « J'aimerais que ce soit vous qui défendiez mes couleurs demain...»

Séance 2 : Le hurlement de la Victoire.

Après cette charmante soirée, la Baron et ses compagnons s'en retournent au campement. Alors qu'ils approchent d'une des poternes, ils entendent un hurlement à quelques rues de là. Tous se précipitent et s'enfoncent dans les ruelles pour porter secours à cette voix qui continue de hurler. Bientôt ils découvrent une femme effondrée par terre le doigt pointé vers une rue et criant «Mon bébé, il a pris mon bébé...». Tandis que Magmaerus et Isengrin tentent de relever la jeune femme, dont la tenue légère et affriolante laisse deviner la profession, les autres personnages s'élancent dans la direction indiquée. Quelques minutes plus tard, n'ayant trouvé aucune trace leur permettant de retrouver l'enfant prétendument enlevé, nos poursuivants sont obligés de rebrousser chemin.

Durant ce temps, un petit attroupement s'est formé autour de la pauvre fille qui tant bien que mal arrive à donner son nom, Violaine, et à raconter ce qui vient de lui arriver ; Alors qu'elle venait de récupérer sa jeune fille, après une dure journée de travail, et qu'elle se rentrait chez elle, elle a été renversée par un homme masqué qui lui a arraché son enfant avant de s'enfuir.

- « Balivernes» s'exclame un sergent de la milice arrivé avec ses hommes, « cette pauvre fille aura sans doute abandonné son enfant dans une ruelle, avant d'être prise de remords et d'inventer cette histoire pour se justifier...»

Les gens rassemblés et les personnages s'insurgent contre les propos du soldat. Enguéran s'avance alors et se tourne vers la fille de joie pour lui promettre qu'il fera tout son possible pour retrouver son enfant. Notre malheureuse, qui ne sait comment remercier notre baron, lui propose les "services" d'une de ses amies, ce qu'Enguéran finît par accepter, au grand damne de son conseiller...

Le lendemain, dès l'aurore, les personnages se lèvent et s'activent pour préparer leur champion, ses armes et sa monture. Isengrin propose à Enguéran son aide magique, ce que le baron refuse catégoriquement car en homme d'honneur il souhaite se battre à armes égales contre ses adversaires.

Mais tandis qu'il raisonne son frère, Simeone est parti en direction de la tente des Mercœur avec l'intention d'utiliser un laxatif de sa composition pour indisposer leurs chevaux. Bien mal lui en a pris, car à peine a-t-il sorti sa fiole qu'un palefrenier lui tombe dessus et l'emmène devant son maître.

- « Je vois que certaines leçons n'ont pas été comprises, quelle drogue comptais-tu faire avaler à mes chevaux misérable ? »

- « Point de drogue Messire de Mercœur, seulement un fortifiant pour aider votre fils à combattre aux côtés de mon maître... »

- « voyons si tu dis la vérité, bois cette fiole et tu seras libre... »

N'ayant pas le choix, Simeone s'exécute; quelques minutes après avoir rejoint ses camarades, il est pris d'une violente douleur au ventre qui lui laisse tout juste le temps de se mettre à l'écart et de retirer ses chausses...

Le tournoi va commencer, les deux camps désignés par le Dauphin sont face à face sur la grande place de la ville; ils viennent de prêter serment de se battre avec bravoure et panache dans le respect des règles de la chevalerie. Sur les bords de la lice, les écuyers se sont répartis prêts à venir ramasser les chevaliers défaits. A l'extérieur la foule s'est massée pour assister au spectacle.

Quand sonnent les trompettes des hérauts, les chevaliers s'élancent. Enguéran n'est pas en reste, il éperonne sa monture et la dirige vers l'adversaire qu'il s'est choisi : Baudouin de Fénac, le chevalier qui l'a insulté deux jours auparavant. Pendant ce temps, Isengrin et Simeone guettent le vieux Guillaume de Mercoeur qui est confortablement installé dans les tribunes à observer son fils, c'est tout juste s'ils perçoivent le premier choc entre les chevaliers.

Celui-ci est terrible, de nombreux cavaliers sont désarçonnés et tombent au milieu des chevaux. Le Baron de Guernac, après avoir fait chuter deux adversaires, arrive jusqu'à son ennemi désigné. Les deux hommes se heurtent violemment sans arriver à se faire mordre la poussière. Parvenant à s'écarter de la mêlée qui s'est instantanément formée, les deux adversaires joutent à plusieurs reprises, pour le plus grand bonheur de la foule qui adore ces duels d'autant que les deux chevaliers rivalisent d'audace et de puissance. Enguéran se bat comme un lion, mais son adversaire, trop fort pour lui, finit par le désarçonner. Cependant l'essentiel est fait, sa bravoure et son panache ont été remarqués de tous, et Béatrice peut être fière de lui avoir confié ses couleurs.

Baudouin de Fénac se retourne alors vers les adversaires restants, qu'il combat avec une bravoure et une agilité telles qu'un à un il les met à terre devenant ainsi le vainqueur du jour, à l'image vite ternie, puisque sans pitié pour les vaincus, il réclame à chacun d'eux armes, armure et bouclier; Le baron de Guernac s'exécute et livre son équipement, avant d'aller récupérer une somme équivalente auprès de ceux qu'il a lui même vaincu.

Tard dans l'après midi, alors que les personnages profitent des dernières heures de fête tout en réfléchissant au moyen de retrouver l'enfant disparu la veille, Simeone est interpellé par Joachim, le petit-fils de l'herboriste.

- « Mon grand-père aimerait vous voir, vous et votre seigneur; il a quelque chose de très important à vous dire concernant le tournoi. »

Intrigués par les propos du garçon, les personnages décident de le suivre et arrivent bientôt dans la boutique de Salomon.

- « Veuillez pardonner mon audace Messire, mais j'ai entendu le nom du chevalier qui a remporté le tournoi et avec quelle facilité il l'a fait. Je crois qu'il est de mon devoir de vous dire que cet homme a peut être utilisé des moyens déloyaux pour arriver à cette fin, car cela fait plusieurs fois que je le vois entrer et sortir de la boutique qui est au coin de cette rue, et on n'y fabrique pas que des remèdes contre la toux, si vous voyez ce que je veux dire... » Simeone, qui se souvient avoir vu le chevalier entrer dans cette échoppe, appuie et confirme les propos du vieillard, d'autant qu'il se souvient avoir tout de suite considéré l'homme comme un empoisonneur.

Enguéran et sa suite se rendent dans la boutique en question pour essayer de tirer cette affaire au clair. Celle-ci est fermée, elle n'a d'ailleurs pas ouvert de la journée souligne Joachim; d'un coup d'épaule Enguéran force la porte et tous pénètrent dans une salle où sont alignés de nombreux bocaux contenant toutes sortes de poudres et de liquides étranges. En parcourant la pièce, les personnages buttent sur le corps du propriétaire des lieux, qui selon toute vraisemblance a été assassiné d'un coup d'épée dans le dos. A ses côtés; un parchemin hébraïque tâché de sang...

Après avoir fini de fouiller les lieux, les personnages retournent voir Salomon et lui demandent de traduire le manuscrit. Tard dans la soirée, après plusieurs heures de travail, le vieil herboriste relève la tête, et d'une voix emplie d'horreur leur lit les dernières strophes du document :

« Avant l'aube, un nouveau-né tu apporteras,»

« De sa peau, ton pommeau tu orneras.»

« Le jour durant, invincible tu seras»

« Au soir, la mère dans ma demeure tu conduiras,»

« De ta main, son cœur tu arracheras. »

« Avant la fin du jour la mère tu livreras, »

« Ainsi la faim d'Iquiushem tu contenteras. »

Comprenant la terrible menace qui pèse sur elle, les personnages se précipitent chez Violaine, mais arrivés sur place on les informe qu'elle est partie quelques temps auparavant offrir ses charmes à un homme, portant l'épée et vêtu d'un lourd manteau masquant son visage...

- « Je sais où il l'a emmené » affirme subitement Amauri « Messire de Fénac s'est récemment fait construire un tombeau à l'extérieur de la ville, c'est mon ancien maître qui en a fait la grille d'entrée... »

Guidé par l'apprenti forgeron, la troupe quitte la ville par la poterne Nord et se dirige vers le cimetière. Quelques minutes plus tard, ils pénètrent dans la crypte; un long couloir les emmène dans une vaste salle éclairée où ils entrent arme au poing. Ils découvrent Baudoin de Fénac, debout au milieu de ses trophées, son épée à la main, divaguant à haute voix sur sa suprématie. A sa droite, Violaine, entièrement nue et les poignées enchaînés à un anneau scellé dans le mur; ses yeux sont fixés sur l'autel situé devant eux, où dans une vasque on peut voir les restes d'un enfant dépecé. Derrière le chevalier une statue représentant un écorché vif au sourire démoniaque...

Sans perdre un instant Magmaerus, jette un sortilège pour arracher l'épée maudite des mains du chevalier, et Simeone lance un de ses stylets empoisonnés pour mettre fin à cette macabre cérémonie; Les deux tentatives échouent, l'homme semblant protégé par une puissante force maléfique. Baudoin se retourne alors vers les personnages, et la pointe de son épée tendue en direction de la jeune femme, se met à déblatérer sur sa victoire, son pouvoir... Estomaqué par l'incohérence des propos, les personnages écoutent...

Tout d'un coup le sourire du chevalier se fige, puis devient grimace d'horreur et de douleur; l'instant d'après il s'écroule dans une mare de sang, derrière lui, la statue s'est transformée en créature, dans sa main elle tient le cœur ensanglanté de Baudoin, qu'elle vient d'arracher; Minuit vient de passer et dans sa folie Baudoin a oublié d'accomplir le dernier rituel visant à apaiser la colère d'Iquiushem.

- « Je reviendrai pour vous un autre jour. » S'exclame le démon avant de disparaître en s'enfonçant dans le mur, qui se déforme pour le laisser passer et se referme derrière lui sans que les personnages ne puissent tenter quoi que ce soit. Déformée par ce tour de passe muraille, la voûte de la pièce commence à céder, menaçant de s'écrouler sur Violaine, toujours attachée. Magmaerus utilise alors sa magie pour retenir les pierres du plafond tandis qui Simeone et Enguéran se précipitent au secours de la jeune fille. Moins téméraires, Isengrin et Amauri se sont mis à l'abri dans le couloir de la crypte.

Malgré les chutes de pierres, le baron et son conseiller arrivent tant bien que mal à briser les chaînes retenant Violaine, mais au moment de quitter la pièce, Magmaerus, touché par un fragment, perd un instant sa concentration et un bloc de pierre s'écroule, efleurant Simeone et Violaine mais brisant la jambe du baron. Prenant leur courage à deux mains, Amauri et Isengrin se précipitent à son secours et parviennent à le dégager avant que la voûte ne s'écroule...

Reçus le lendemain au château par le Dauphin d'Auvergne, frère Antonio Galluchi et Monseigneur Benoît, évêque du Puys, les personnages sont félicités pour leur héroïsme de la veille. Messire Robert, remet à son vassal un acte signé lui accordant droit de foire une fois l'an sur ses terres.

Epilogue.

A la demande de son frère, Enguéran accordera à l'Alliance de Guernac deux des sept parts de revenu que la foire doit lui rapporter. Ainsi, si celle-ci est un succès, les membres de l'Alliance pourront pour la première fois pourvoir à leurs dépenses communes (nourriture, vin, bougies, encre, parchemins...)