Renard et la pintade de Galurin.


- Au coquin ! Au co-co-ri-coquin ! criait le coq Galurin en sortant du poulailler.

- Que se passe t’il mon ami, demanda le loup Mercenaire.

- Une pintade a disparu cette nuit, répondit le coq en agitant furieusement ses ailes.

- Ce ne peut être qu’un coup de Renard, grommela Mercenaire. J’étais sur que cela se produirait depuis qu’il est arrivé dans la région.

Et il partit en trombe vers les terres du Moulin.

Il arriva sur les lieux alors que notre goupil se léchait les babines finissant un repas qu’il avait visiblement apprécié.

- Alors gredin, tu t’es encore nourri d’une pintade, l’interpella le loup.

- Non point monseigneur. Je sais qu’il vous plait de m’accuser de tous les maux mais je suis aussi blanc qu’une colombe, répondit Renard.

- Je n’en crois rien, et je vais te faire payer ta forfaiture, grogna le loup en montrant les crocs au goupil.

- Il suffit ! rugit le lion Agassan en s’interposant entre les deux animaux. Je tiens ton coupable, dit il en brandissant une fouine. Regarde son ventre aussi gonflé qu’une outre qu’on eut dit qu’elle a avalé un dindon et cette plume accrochée à son pelage.

Secouée comme un fagot, la fouine prit la parole :

- Messires, je suis Semi-homme. De quoi m’accuse t’on ici ? Car si j’ai le ventre rebondi, c’est que j’ai perdu les attributs qui faisaient de moi un homme et si une plume est collée à ma fourrure, c’est la une bien mauvaise fortune.

- Tu vois bien Agassan, dit le loup, ça ne peut être que Renard et j’offre ce panier plein d’œufs à qui saura m’en apporter la preuve.

- Laisses donc Renard tranquille. Tu tiens là ton coupable, grogna le lion en envoyant la fouine au pied de Mercenaire. Visiblement déconfit, le loup saisit la fouine et fit demi-tour.

- Un instant ! dit une voix essoufflé. Tous se retournèrent pour voir arriver le coq Galurin en compagnie d’un furet.

- Pitié le furet affirme qu’il est impossible que cette fouine soit notre coupable.

- Tout à fait, reprit le furet. Elle était avec moi cette nuit, quand le méfait fut commis.

Renard interloqué sortit de son mutisme.

- Est ce toi Galurin, qui lui a précisé l’heure du crime, demanda t’il.

- Non, en effet. Comment savez vous cela, interrogea le coq.

- Très certainement parce que c’est lui le coupable, rugit Agassan. Il a mangé la pintade pour faire accuser Renard. C’est pour cela qu’il ment, pour disculper la fouine.

Le coq et le loup honteux et aigris de ne pouvoir condamner Renard se tournèrent vers le furet et le rouèrent de coups.

Le goupil, la bouche pleine d’œufs et le regard goguenard cria au malheureux :

- Merci l’ami pour ce panier. Le mensonge il te faut apprendre, car c’est Renard que tu visais, mais tel est pris qui croyait prendre.

Auteur : DVH