Renart et le banquet.


Enfin à l’abri au sortir de l’hiver, nous retrouvons nos compagnons, au chaud dans leur nouveau moulin, autour d’une table couverte de mets.


- Alors mes amis, que souhaitez vous manger, demanda Renart en saisissant une grappe de raisins.

- Ces châtaignes chaudes sont très appétissantes, répondit Magnificus le sanglier en s’approchant du plat.

Le goupil écarta les châtaignes.

- Tu as déjà puisé dans nos réserves tout l'hiver, lorsque tu creusais la fosse qui entoure le moulin pendant que nous hibernions. Pourquoi aurais tu en plus le droit à ces châtaignes, demanda Renart en jetant un civet à son petit.

- Si je pouvais en manger, je serai encore plus fort et encore plus robuste. Je pourrai ainsi traîner cette vieille souche que j’ai vu dans la forêt et la ramener près du moulin.

- Et en quoi cette souche nous serait utile, demanda Renart lançant un grain de raisin en l’air et le happant au vol.

- Nous pourrions tous nous gratter le dos dessus, piaffa le sanglier affamé.

- Personnellement, je n’ai pas besoin de souche pour me gratter, mes pattes me suffisent, reprit Renart en se servant à boire tout en mordant dans un cuissot.

- C’est une belle souche, je vous l’assure, reprit le sanglier en lorgnant sur les châtaignes.

- Je ne sais pas… répondit le goupil pensif en prenant une pleine poignée de figues.


- Pour ma part, ces quelques souris me tentent bien, intervint Prend-garde le serpent. Je vais devoir préparer ma mue dans quelques jours et j’ai pour cela besoin de me restaurer.

- Votre mue ? Cela ne sert à rien pour le moulin, répondit Renart en engloutissant une souris. Et je ne vois pas en quoi quelques souriceaux pourraient vous être utiles.

- Point n’est nécessaire de souriceaux pour muer, siffla le serpent, un goupil pourrait très bien faire l’affaire.

Manquant de s’étouffer, Renart recracha la souris et se tourna vers le vieux chat qui ignorait le festin, préférant lustrer son poil.

- Tu ne manges rien, ami Jesper ?

Le vieux chat hocha la tête négativement.

- Non merci mon ami. L’odeur de mon pelage m’a coupé l’appétit.

- Je n’ai pas faim non plus, répondit Renart quittant la table au trois quart vide, le ventre complètement plein.

Auteur : DVH